lundi 23 février 2009

Aider les apprenants à planifier leurs parcours d'apprentissage. Par Jacques Rodet


La mise à distance de la formation se traduit, entre autres, par le transfert de tâches de l'institution et de l'enseignant vers les apprenants. Ainsi, de l'organisation temporelle du parcours d'apprentissage qui n'est plus lié au respect d'un horaire décidé par l'organisateur mais de la pleine responsabilité de chacun des apprenants.

Une des premières compétences que l'apprenant doit donc développer est de savoir planifier son parcours. Ainsi, le tuteur peut être amené à réaliser différentes interventions de soutien sur ce plan. La première est certainement de sensibiliser l'apprenant aux réalités et nécessités de la planification. Planifier c'est tout à la fois organiser selon un plan, exprimer une représentation présente du futur, se projeter dans une réalité future, ordonner la succession des actions, identifier les contraintes et les risques, réduire les incertitudes. Planifier permet de gagner du temps pendant l'action, d'éviter les à-coups en répartissant la charge de travail, de se donner des marges de manœuvre, de se donner les moyens de suivre son action, de la réguler, de l'ajuster, de gagner en efficacité.

Le tuteur à distance peut également proposer des activités à l'apprenant lui permettant de prendre conscience de ses états affectifs vis à vis de la planification (j'aime ou je n'aime pas planifier, je n'aime pas car je ne sais pas faire, je n'aime pas car je trouve cela inutile, etc.), de faire émerger le rapport que l'apprenant entretient avec la planification (sait-il, veut-il, peut-il planifier ?), d'identifier son profil de planificateur (Je ne planifie pas car je préfère agir sous la pression des évènements ; Je planifie mais je ne me sers pas du planning pour diriger mon action ; Je planifie et je me conforme strictement au planning ; Je planifie, je régule et j'ajuste le planning au cours de l'action...). Il s'agit donc pour le tuteur d'amener l'apprenant à évaluer son savoir faire en matière de planification.

Enfin, le tuteur peut proposer des ressources et des outils qui facilitent l'identification, par l'apprenant, du temps dont il dispose pour son apprentissage, ce temps devant toujours être estimé de manière réaliste plutôt que volontariste.

La maîtrise de la gestion de son apprentissage par l'apprenant passe certainement par son habileté à le planifier. Celle-ci est à développer également dans une perspective plus large d'exercice de son autonomie par l'apprenant, facteur souvent déterminant pour la persévérance et la réussite dans un parcours de formation à distance.

4 commentaires:

Dalb a dit…

Merci Jacques,
Tu indiques "identifier les contraintes", je mettrais plus volontiers : "évaluer" les contraintes ... ce qui constitue d'ailleurs une grande difficulté.
Plus encore de réévaluer cette estimation et d'adapter son planning. Par ex, les a-coups de nature familiale, sont variés et très impliquant. A+ Dalb

Le blog de t@d a dit…

Oui tu as raison. Ajuster, réguler et mettre à jour son planning sont des activités très importantes.

Pour limiter l'impact des a-coups, il est également nécessaire de se donner des marges de manoeuvre et pour cela de définir un planning que je qualifie de réaliste plutôt que de volontariste.

M'sieur SVP a dit…

Quelques références bibliographiques ?

Merci...

;o)

Le blog de t@d a dit…

Les ressources liées à la planification de l'apprentissage s'adresse de manière privilégiée aux enseignants et s'attachent à leur donner des clés pour scénariser et évaluer les activités d'apprentissage. Par exemple l'atelier .planif du site learnquebec : http://www.learnquebec.ca/fr/content/professional_development/workshops/pbl/

Si ces ressources peuvent aider certains apprenants, elles sont souvent peu ou moyennement adaptées pour les aider à planifier leur apprentissage.

Pour ma part, je crée, selon les besoins repérés, différentes activités (questionnaires, situations d'échange, mutualisation de leurs pratiques, création de gabarit de planning) permettant aux apprenants que j'encadre d'identifier leurs profils de planificateur et de s'interroger sur leur rapport affectif vis à vis de la planification.

A noter également qu'un apprenant pourra d'autant mieux planifier son apprentissage qu'il aura une bonne connaissance de ses préférences et stratégies cognitives. Cf. http://blogdetad.blogspot.com/2007/10/propos-des-styles-dapprentissage-par.html

En matière d'outils, je suis plutôt partisan de leur faire utiliser ceux auxquels ils ont un accès aisé et qu'ils maîtrisent: outils de plateforme, calendrier en ligne, tableurs, éventuellement des logiciels de gestion du temps avec production de GANTT (plutôt pour les activités collaboratives).